Un design de la substitution

Ce projet invitait les étudiants de DSAA DP à reconstruire l’apparence d’objets issus du domaine de l’électroménager en reconsidérant la notion de désir et donc l’apparence d’objets à dominante technique issu d’un imaginaire du Progrès…
Cette large typologie d’objets est en effet dominée par une approche
rationnelle de la conception formelle, souvent répétitive plastiquement, mais également par la stratégie de «capotage» mise en place par la culture de l’esthétique industrielle.
Leur mission était donc de réinventer sans contrainte de réalisme technique et normatif, l’apparence de l’objet sélectionné en interrogeant les usages, les manipulations, la dimension symbolique, la réparabilité, etc.

Design global : signalétique douce

Les étudiants de DSAA1, constitués en équipes pluridisciplinaires, viennent de prendre contact avec leur projet de design global. Il s’agit d’une commande passée par la ville de Melle dans les Deux Sèvres pour laquelle ils sont invités à concevoir une signalétique opérationnelle mais non invasive à même de permettre aux touristes comme aux Mellois de profiter des richesses de ce territoire fort de son patrimoine vivant, bâti et culturel. La ville de Melle est en effet engagé dans une politique économique, culturelle (Biennale d’art contemporain) et écologique très ambitieuse.
La première étape de visite sur site et de rencontre avec différents acteurs impliqués dans le projet a eu lieu en ce début janvier, place maintenant aux phase d’analyse et de recherche.

Un design non régulier

La notion de «standard» est historiquement fondatrice de l’activité du designer initialement convoqué pour mettre «du beau dans l’utile»* et notamment dans la production d’objets en série. Cette notion de standard industriel est omniprésente dans des domaines de performance comme celui de l’outillage car elle permet d’assurer de générer des formes à partir de catalogues de pièces similaires et disponibles ainsi que d’assurer une réparabilité. Standardisées, ces pièces sont ultra-disponibles en quantité.

Chaque étudiant s’est vu confier la réalisation d’un ou plusieurs éléments de mobilier à parti d’un élément de liaison standard, en s’attachant à tirer parti de l’élément de liaison fourni :
– dans la fonction de l’objet réalisé
– dans l’usage de celui-ci (réparabilité)
– dans l’esthétique de l’objet mobilier (présence de l’élément valorisée
et valorisante)

 

*Yvonne Brunhammer, Le beau dans l’utile : Un musée pour les arts décoratifs,
1992, éditions Découvertes Gallimard, isbn 978-2070531967

Quand le cheminement théorique débouche sur des hypothèses pratique à tester

es DSAA2 ont terminé l’écriture de leur mémoire, ils posent en ce moment les premiers jalons de la mise en pratique de leur recherche.
En duo ou en solo, ils ont présenté l’articulation de leur travail théorique avec leurs hypothèses en design.
C’est le designer Antoine Fenoglio qui est venu les écouter, dialoguer avec eux et enfin leur donner des conseils.
Nous le remercions de son investissement à cette phase de leur apprentissage de la recherche en design.
Prochaine étape : le workshop photo en anglais.

Un design sous contrainte

Ce premier projet de DSAA1 DP, proposait aux étudiants de travailler avec un seul et unique tasseau de pin de deux mètres linéaires en partant de l’incitation suivante :
« La réduction qui est en jeu, si elle consiste à se débarrasser du superflu, cherche l’essence même de la chose afin de garder ce qui a le plus de saveur. Il s’agit d’une réduction au sens culinaire du terme, qui consiste à extraire ce qu’il y a de plus savoureux. Ainsi, malgré les nombreuses contraintes, le travail du designer consiste à faire exister quelque chose de l’ordre d’un excédent qui fait exister un rapport poétique à la chose produite. L’éco-design est en cela cette activité productrice qui n’est pas indifférente à la bonté et qui opère plus que jamais la rencontre de la sagacité, en tant que sagesse pratique et de l’art, dans sa relation à la technè. »*
Selon cette citation de Sophie Fetro, les étudiants se sont attaché à :
– Optimiser la matière mise à disposition
– Rendre l’objet utile en faisant naître du peu, une forme utile
– Rendre l’objet poétique en faisant naître du peu, une forme de beauté

 

*Sophie Fetro, Éco-desing, une Tautologie, in Poïétique du design, éco-conception ? ,collection Esthétiques -> Ars, 2015, L’Harmattan, isbn 978-2-343-05737-8

Création éditoriale d’un Bonus de vulgarisation

Dans ce workshop édition par groupes multi mentions d’une semaine, la graphiste Florine Synoradzki spécialisée dans l’édition accompagne les étudiants de DSAA Design écoresponsable dans la vulgarisation de trois récits d’anticipation que l’autrice Vinciane Despret a écrits sous la forme d’articles universitaires. L’ouvrage de référence, Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation (Actes Sud) rend compte de recherches scientifiques liées à des disciplines nouvelles apparues à la fin du 21e siècle : la thérolinguistique et la théroarchitecture.  Ces disciplines sont consacrées aux œuvres artistiques, littéraires ou au production de design d’espèces sauvages (théro) telles que les araignées, les poulpes ou les wombats.

Les étudiants mettent en place une vulgarisation de ces récits au moyen d’un Bonus : chaque édition associe le texte de référence à un contenu additionnel qui permet une expérience de lecture sous forme d’illustration, de digression ou d’augmentation libre. L’ensemble des Bonus sera adressé à l’auteure dans son université de Belgique comme contribution à son travail de recherche.

installation et vernissage des aménités

Les étudiants de DSAA1 ont eu l’occasion d’installer leurs éléments mobiliers et signalétiques sur le site provisoire du rectorat de Limoges. Ils sont pu échanger avec Madame la Rectrice qui a assisté à leurs présentations en compagnie d’une partie du personnel rectoral. Ces aménités ont été conçues dans le cadre de la French Design Week 2024 avec l’aide de la Région Nouvelle Aquitaine, l’objectif étant d’apporter un peu de confort aux usagers et d’égayer ce site assez austère.

conférence clément sénéchal

Les DSAA1&2 ont pu rencontrer Clément Sénéchal qui est venu présenter son livre intitulé : Pourquoi l’écologie perd toujours. L’auteur était pour quelques jours en Creuse, la librairie L’apothicaire lui a consacré une soirée. Ainsi, les étudiants ont pu se confronter à un auteur dont l’expérience dans le militantisme constitue un témoignage qui aidera ceux dont le travail en design recherche l’efficacité face aux enjeux environnementaux. Outre le fait que cet ouvrage fait partie de l’actualité littéraire, il propose un angle d’attaque qui ne manquera pas d’inspirer ceux pour qui il est évident de développer une approche essentiellement politique des problèmes environnementaux. Bravo aux étudiants qui ont fait l’effort d’engager le dialogue et poser des questions à l’auteur. C’est un excellent exercice pour se préparer aux soutenances de projet.

Une vision radicaturale

Ce travail de pratique plastique et médiation a relancé la recherche pratique des étudiants de DSAA2 de manière originale : ces derniers ont du produire une image à la fois caricaturale et radicale offrant une réponse cathartique à leur problématique de recherche.
Cette approche est une manière de mettre en lumière une résolution idéale et/ou dénonciatrice au problème général posé qui ne relève pas du pouvoir et des compétences du designer, et de mieux se détacher de cet a priori pour orienter la recherche vers ce à quoi le design peut réellement répondre.